1 Historique de la gestion des déchets : problématiques et enjeux
La décharge sauvage a été la première destination des déchets humains. Mais à l’époque préhistorique, cette pratique était sans conséquence puisque les déchets étaient soit inertes soit biodégradables et produits en très petites quantités. Au Moyen Âge, les citadins jetaient leurs déchets dans la rue ou dans les rivières. Les problèmes de salubrité se sont développés jusqu’au xixe siècle, où l’on s’est rendu compte que l’hygiène jouait un rôle important dans la prévention des maladies. En 1883, le préfet de Paris, Eugène Poubelle, impose aux Parisiens de jeter leurs déchets dans un récipient prévu à cet effet, qui a gardé son nom.
Dans les années 1920, des décharges à ordures sont créées. En 1975, une première loi importante est adoptée sur l’élimination des déchets[1]. Elle définit clairement le terme « déchet » et décrit les responsabilités qui y sont liées. Elle sera régulièrement améliorée, en particulier en 1992[2] pour intégrer des critères de prévention/réduction, d’organisation, de valorisation et d’information. C’est donc à partir de 1992 que la prévention et la collecte sélective vont réellement commencer à être développées par les collectivités territoriales et les entreprises.
Les années 2000 ont vu la consécration d’une nouvelle terminologie avec l’utilisation de l’expression « économie circulaire ». Loin d’une simple évolution sémantique ce terme est le marqueur d’une conception plus large du champ de réflexion des déchets, insistant en particulier sur les notions de prévention. La gestion des déchets est l’un des 3 domaines de cette économie circulaire ; le recyclage en est l’un des 7 piliers après :
- l’extraction/exploitation et les achats durables ;
- l’écoconception ;
- l’écologie industrielle et territoriale ;
- l’économie de la fonctionnalité ;
- la consommation responsable ;
- l’allongement de la durée de vie.
Aujourd’hui, la France produit chaque année environ 342 millions de tonnes de déchets, soit 4,9 tonnes par habitant[3]. Cette production n’a cessé d’augmenter jusqu’aux années 2010 où elle commence à se stabiliser et baisser légèrement. Et cette quantité est loin d’être négligeable puisqu’il faut lui trouver des filières.
Malgré la mise en place de filières de recyclage depuis de nombreuses années, la valorisation matière ne représente que 29 % des déchets ménagers et assimilés (DMA). La plupart d’entre eux sont encore stockés ou incinérés, comme l’illustre la figure 1.1.
Figure 1.1 Destination des déchets ménagers et assimilés collectés en 2017
Source : données issues de ADEME, Déchets, Chiffres clés, Édition 2020
Même dans l’industrie où les enjeux financiers sont plus importants[4], beaucoup de déchets ne sont pas encore envoyés dans des filières de valorisation, comme l’illustre la figure 1.2.
Figure 1.2 Destination des déchets banals non dangereux de l’industrie en 2016 (hors boues humides et déchets minéraux)
Source : données issues de ADEME, Déchets, Chiffres-clés, Édition 2020
Ces déchets posent un certain nombre de problèmes. Les rejets de dioxines par les incinérateurs ou la saturation des lieux de stockage rappellent qu’il est indispensable de se tourner vers une meilleure gestion de nos déchets.