1 Quelques cas pratiques
Pour introduire le sujet des risques sociétaux, prenons quelques histoires inspirées de faits réels. Parfois, des exemples représentatifs permettent de justifier l’opportunité d’une démarche rigoureuse en matière de management des risques sociétaux en montrant la diversité des contextes et des solutions apportées.
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1.1 Un hôpital repense sa stratégie alimentaire
À l’issue d’un bilan des gaz à effet de serre (GES**ges-00186**) d’un établissement de santé de métropole, il ressort que les trois principaux postes sont : les bâtiments, la pharmacie et la cantine du personnel. On devine aisément pour le premier. Pour le second, la pharmacie s’approvisionne massivement en produits génériques qui sont fabriqués en Inde, c’est alors le transport qui influe sur le bilan GES**ges-00186**. Pour la cantine du personnel, l’analyse des achats montre que des tonnes de viande rouge sont achetées en Argentine et en Nouvelle-Zélande, car l’écart de coût avec une production locale est de l’ordre de 15 %. Or la région où se situe l’hôpital est une des toutes premières en production de viande rouge ! Le directeur général (DG**dg-00943**) de l’hôpital demande alors de réfléchir à une autre solution qui permettrait de réduire intelligemment le bilan GES**ges-00186**. Un atelier de réflexion est ouvert au responsable des achats, au nutritionniste, au plongeur de la cantine et au médecin du travail.
L’expérience montre que :
– L’acheteur a bien des objectifs de réduction de coûts ;
– Le plongeur confirme qu’à vue de nez, au moins 20 % de la viande servie dans les assiettes finit à la poubelle ;
– Le nutritionniste avoue avoir augmenté de 20 % les rations du personnel au-delà des recommandations des professionnels de santé ;
– Le médecin du travail confirme une obésité croissante du personnel.
Les résultats de l’atelier sont les suivants :
– On revient aux standards de nutrition des personnels de santé ;
– On fait de la pédagogie alimentaire à la cantine ;
– Comme les quantités vont être fortement réduites, l’acheteur est alors autorisé à acheter localement.
On dresse le bilan global suivant :
– Le budget d’achats est quasiment identique, mais on développe l’économie locale. Le territoire est alors plus résilient ;
– On produit moins de déchets et donc l’énergie qui va avec, de même que les taxes de la collectivité locale ;
– On nourrit le personnel conformément aux standards reconnus ;
– On attend une baisse du risque obésité.
Expérience : c’est parfois en s’attaquant à un risque externe (changement climatique) que l’on réduit des risques internes (obésité et déchets) ou que l’on génère des opportunités externes (résilience du territoire), et sans impact budgétaire significatif.
Conditions de l’exercice : le mérite repose en grande partie sur la possibilité de réunir dans un même atelier un directeur des achats, un plongeur, un nutritionniste et le médecin du travail, soit quatre personnes qui ne s’étaient jamais rencontrées et qui pourtant ont une influence significative sur le même processus.