1 Introduction
Dans la continuité de l’article intitulé « Le bioterrorisme », cet article aborde le terrorisme mettant en cause des agents et matières chimiques. Parmi les agents NRBCe**Abrev-1309506** (Nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs), les agents chimiques sont ceux qui ont reçu une publicité plutôt limitée. Toutefois, dans l’histoire du monde, ils ont en partie justifié le déclenchement de la guerre en Irak. L’utilisation de substances chimiques par des groupes terroristes constitue aujourd’hui une menace importante à laquelle sont exposés tous les territoires : l’actualité ne manque malheureusement pas de références dans ce domaine. Outre le fait qu’ils présentent un danger pouvant engendrer d’immenses dommages à grande échelle pour la sécurité publique, de tels attentats sont susceptibles d’avoir de graves conséquences sur l’équilibre économique et politique mondial. D’après une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE**ocde-00587**), le coût d’une seule attaque pourrait être de l’ordre de 50 à 250 milliards de dollars.
Le risque chimique est le résultat de l’exposition à un agent chimique dangereux provenant aussi bien des toxiques chimiques industriels que des agressifs chimiques de guerre.
Certains produits chimiques industriels peuvent être utilisés lors d’attentats, à l’instar des toxiques de guerre. En effet, le développement du tissu industriel sur le territoire national conduit inéluctablement à la détention d’importants stocks de produits chimiques (toxiques et/ou agressifs), notamment sur les sites de fabrication et d’emploi appelés sites Seveso. D’autre part, le transport des matières dangereuses par voies ferrées, fluviales, routières et maritimes constitue un risque additionnel. Un accident ou un acte de terrorisme commis sur ces cibles peut entraîner un nuage de pollution atmosphérique, une contamination des eaux de surface ou des nappes phréatiques. Enfin, le risque de mise en œuvre d’armes chimiques de guerre contre les populations civiles est réel, comme en témoignent les deux attentats au sarin perpétrés par la secte Aum Shinrikyo au Japon – en 1994 à Matsumoto (8 morts) et en 1995 à Tokyo (13 morts et 5 500 personnes intoxiquées) –, ainsi que l’attaque de la Ghouta, en Syrie, courant 2013.
Cette menace est en général peu connue du grand public. La prise de conscience collective a démarré par la formation des agents du milieu médical et des services de secours, notamment depuis l’attentat du métro à Tokyo en 1995. Face à cette menace, les pouvoirs publics ont pris certaines dispositions et mis en place des moyens de protection, de décontamination et de traitement d’urgence des victimes.