1 Préambule
Comme le précise Habib Hadj-Mabrouk [Mabrouck, 1997] : « L’analyse préliminaire de risques (APR) a pour but :
- d’identifier les accidents potentiels susceptibles d’affecter le système ;
- de mettre en évidence les causes envisageables des accidents potentiels ;
- d’évaluer la probabilité d’occurrence des accidents potentiels et la gravité des dommages qu’ils pourraient causer ;
- de déterminer les mesures qui permettront de réduire la probabilité des accidents potentiels ou la gravité des dommages qu’ils pourraient causer. »
L’APR se présente classiquement sous la forme d’un tableau à colonnes facilement réalisable avec un tableur type Excel. Claude Lievens [Lievens, 1976] dans son recueil intitulé Sécurité des systèmes propose le formalisme de la figure 1.1.
Cependant, la ressemblance entre les notions d’éléments dangereux, de situation dangereuse, d’accident potentiel et de conséquence fait qu’un tableau de ce type nous semble difficile à utiliser correctement par les équipes de conception.
Dans son recueil, Lievens lui-même en convient en écrivant page 127 : « Il ne faut pas chercher de définitions claires permettant de distinguer sans ambiguïté laquelle des colonnes 3, 4, 5, 6 et 7 convient pour placer un événement particulier ».
Au formalisme proposé par Claude Lievens, nous préférons un formalisme plus simple inspiré de la procédure du groupe PSA [PSA, 1999].
Cette procédure propose deux approches complémentaires pour la réalisation des APR :
- une approche fonctionnelle : analyse des conséquences des défaillances des fonctions du système.
- une approche agression :
- analyse des conséquences des agressions du système vers l’extérieur (éléments potentiellement dangereux) ;
- analyse des conséquences des agressions du milieu extérieur vers le système (éléments sensibles).
Pour illustrer cette présentation, nous allons dérouler l’APR sur un exemple simple, un rasoir jetable.
L’analyse fonctionnelle de ce rasoir a mis en avant les fonctions de service et fonctions contraintes suivantes :
- FS1 : le rasoir doit permettre à la main de couper les poils
- FS2 : le rasoir doit permettre à la main d’hydrater la peau
- FC1 : le rasoir doit être préhensible par la main
- FC2 : le rasoir doit préserver la peau
- FC3 : le rasoir doit résister à l’eau
- FC4 : le rasoir doit résister à la mousse à raser
- FC5 : le rasoir doit plaire à l’œil
Ces fonctions sont caractérisées dans un cahier des charges fonctionnel où à chaque fonction sont associés des critères de performance, auxquels on alloue un niveau attendu avec sa tolérance, et une flexibilité (degré de négociation possible du niveau et/ou de la tolérance, entre le client et le concepteur).
Pour l’exemple de notre rasoir, nous avons regroupé l’ensemble de ces exigences dans un tableau dont un extrait pourrait être le suivant (figure 1.2) :
À partir de ce cahier des charges, l’équipe de conception a imaginé un système. Dans notre exemple, il ressemble à ceci (figure 1.3) :
C’est à partir de ces éléments (cahier des charges fonctionnel et liste des composants du système) que sera menée l’analyse préliminaire de risque.