1 Définitions et enjeux de l’économie circulaire
Aujourd’hui un nouveau cycle semble s’ouvrir à nous ; certains parlent même de troisième révolution industrielle. L’économie circulaire pourrait bien en être l’un des fondements. Ce nouveau concept économique est apparu dans le cadre des réflexions sur le développement durable.
L’idée à la base de l’économie circulaire consiste à atteindre l’efficience en matière d’utilisation des ressources, que ce soit les flux de matières, les stocks, les déchets ou encore la consommation d’énergie. Concrètement, cela consiste à changer nos organisations de façon à ce que les biens et les services soient produits en limitant le gaspillage et la consommation de matières premières, d’eau et de toutes les sources d’énergie.
Depuis la révolution industrielle, toute l’économie mondiale est basée sur un fonctionnement linéaire que l’on peut schématiser de la façon suivante :
– des matières, des ressources sont extraites, utilisées, exploitées afin de fabriquer des produits ou de rendre des services ;
– ces biens et services sont ensuite consommés puis, quand le consommateur a achevé son utilisation, le bien est tout simplement jeté. À noter que certains biens sont parfois détruits sans même avoir été consommés tant le gaspillage fait partie intégrante de nos organisations actuelles. Jeter des tonnes de nourriture par exemple est un processus intégré et « normal » dans nos modèles économiques en vigueur. Même si une prise de conscience et même un début de légifération sont en cours, les schémas actuels qui génèrent ces gaspillages ne sont pas en eux-mêmes remis en question. Ainsi, par exemple, dans le secteur de la grande distribution, les surfaces de plus de 400 m² ont l’obligation depuis la loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire de proposer, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, une convention de don à une ou plusieurs associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables. C’est une première étape encourageante, mais il n’est pas encore envisagé de modifier nos organisations pour ne plus aboutir à autant d’invendus alimentaires. On essaie de gérer les conséquences des défaillances de nos modèles actuels mais on n’essaie pas encore de les revoir à la source pour les éviter.
L’économie linéaire actuelle est basée sur une consommation « sans limites » des matières et de l’énergie pour produire les biens et services. Seuls les aspects financiers que représentent les coûts d’acquisition de ces ressources sont pris en considération. Les processus actuels génèrent de nombreux déchets que l’on tente ensuite d’éliminer, provoquant par la même de la pollution et anéantissant au fur et à mesure les réserves naturelles, détruisant la planète. Outre ces conséquences écologiques désastreuses, ces déchets et leur traitement génèrent des coûts colossaux pour les entreprises et la collectivité. Ces coûts sont très peu pris en compte et sont même rarement estimés avec précision par les entreprises, tant ils sont intégrés comme une composante inéluctable des chaînes de production.
Aujourd’hui ce schéma de l’économie linéaire est de toute évidence voué à disparaître. Même si certaines politiques tentent encore de le sauver en s’y accrochant à tout prix, le constat est criant :
– Les ressources naturelles s’épuisent : de nombreux gisements devraient se tarir d’ici 30 à 50 ans (le cuivre, le phosphate dès 2025…). Or, nos modèles de production requièrent de plus en plus de ressources. En 2009, l’économie mondiale a consommé 68 milliards de tonnes de ressources contre 34 milliards en 1970 ! Ce phénomène devrait s’accentuer encore davantage avec la hausse de la démographie mais également le développement du pouvoir d’achat des pays émergents.
– La planète est abîmée, et ce de façon parfois irrémédiable.
– Les inégalités sont croissantes, les crises économiques qui durent et s’enchaînent sont autant de signaux d’alarme à entendre.
La croissance ne peut plus être bâtie sur une consommation des ressources non renouvelables. L’utilisation des ressources devra être parcimonieuse. Elles devront être utilisées le plus longtemps possible.
C’est dans ce contexte que l’idée de l’économie circulaire est née afin de mettre en place un cycle vertueux, l’objectif étant de passer d’un système linéaire à un écosystème fermé. L’économie circulaire est parfois symbolisée par les 3 « R » : réduire sa consommation de ressources, réutiliser et recycler. L’idéal, la finalité ultime, serait de parvenir à une production en cycle fermé, c’est-à-dire une production qui ne nécessiterait plus de puiser dans les gisements de ressources, mais de réutiliser celles qui ont déjà été exploitées.
L’économie circulaire prône de ne plus créer de déchets perdus, inutilisables. Ainsi, par exemple, les déchets seraient utilisés pour fabriquer d’autres produits. Les déchets d’une entreprise pourraient devenir les matières premières d’une autre entreprise.
L’économie circulaire ne peut absolument pas se résumer au recyclage en fin de chaîne : elle peut s’intégrer, de diverses manières, à plusieurs niveaux au sein des entreprises.
Certes, adopter une telle démarche exige généralement une révision complète du business model de l’entreprise avec tous les efforts d’adaptation que cela représente en termes de temps et de coûts.