1 À l’origine étaient le verbe et (un peu) le paysage
Des élus locaux soucieux de la performance économique et de l’image de leur territoire, des entrepreneurs exigeants quant aux conditions d’accueil et de développement de leurs entreprises, des salariés revendicatifs quant à la qualité de vie sur leur lieu de travail, voilà qui définit bien les enjeux de développement durable liés à l’évolution de ces territoires de plus en plus choyés que sont les parcs d’activités.
Au début des années 1990, l’expression « démarche de qualité environnementale » est sans doute celle qui qualifie le mieux la nature du mouvement encore marginal qui se met en marche et concerne principalement la conception des nouveaux parcs d’activités. Traverser la France ou l’Europe, c’est souvent faire le constat d’un urbanisme déplorable sur ces territoires dont on a du mal à appréhender le sens. Parfois défini comme des « no man’s lands » (terres de personne ou non habitées), le parc d’activités est pourtant tout le contraire de ce qu’il donne à voir et penser (terre des agriculteurs au départ, des collectivités ensuite et des entreprises enfin) : il doit gagner ses lettres de noblesse.
L’environnement, le développement durable, vont lui permettre de s’engager sur ce long chemin. Car l’environnement, c’est d’abord et avant tout du « déclaratif », de beaux et grands discours, du politiquement correct qui s’expose à la tribune mais ne fait pas long feu dans l’ombre des bureaux où se discutent les budgets d’aménagement des zones d’activités. La question du paysage au sens de l’aménagement paysager est sans conteste le point de départ de ce lent travail.
Aménager un parc d’activités, c’est lui donner une signification esthétique qui repose sur la continuité d’une trame verte, qu’il faudrait penser globalement au niveau du territoire, tant en ce qui concerne les espaces publics (ceux appartenant à la collectivité) que les espaces privés (ceux appartenant aux entreprises). Déjà, nous nous heurtons au bon vouloir des chefs d’entreprise qui, à leur décharge, ne sont pas des aménageurs et qui s’interrogent légitimement sur les investissements faits à l’époque sur leurs zones, en retour de la taxe professionnelle qu’ils versent à la collectivité !
Bref, au départ du mouvement, l’aménagement paysager consiste plus à planter des haies de thuyas qui cacheront les palettes des entreprises plutôt qu’à concourir au développement de la biodiversité sur les espaces industriels. Il n’en reste pas moins que le mouvement est lancé.