1 La prise de décision rationnelle
La certification d’entreprise, et tout particulièrement la certification selon ISO 9001:2015, incorpore le souci de la maîtrise des risques dans tous ses processus. Le management global des risques, qu’ils soient techniques, économiques, programmatiques ou humains, passe obligatoirement par la compréhension de la psychologie des différents décideurs afin que la décision soit rationnelle.
Mais alors, qu’est-ce donc qu’une décision dite « rationnelle » ?
Très nombreuses sont les personnes qui pensent que nous pouvons juger qu’une décision était bonne ou mauvaise simplement au vu de ses résultats. Si ceci est vrai dans le cas d’une décision chanceuse, c’est malheureusement faux dans le cadre d’une décision rationnelle.
Supposons qu’un joueur vous propose un contrat qui consiste à lancer 10 fois de suite une pièce de monnaie honnête (non truquée). Si vous obtenez au moins 1 fois pile, le jeu vous rapporte 100 €. Vous devez miser 1 € pour pouvoir jouer. Supposons que vous acceptiez le jeu et que vous perdiez. Était-ce une mauvaise décision ?
Vous aviez pourtant 1 chance sur 2 d’obtenir un pile à chacun des 10 lancers. Au premier lancer, vous aviez 1 chance sur 2 d’avoir déjà obtenu un pile. Il suffit de tracer un arbre événementiel pour se rendre compte qu’au deuxième lancer, vous aviez 3 chances sur 4 d’avoir obtenu au moins un pile sur les 2 lancers, donc 1 risque sur 4 de ne pas l’avoir obtenu. Au troisième lancer, vous aviez 1 risque sur 8 de ne pas avoir obtenu un pile sur les 3 lancers, et ainsi de suite. Au total, vous aviez 1/(2)10 = 1/1 024 risques de perdre, soit 1 024 chances de gagner contre 1 de perdre…
Le sort s’est acharné contre vous ce jour-là, car vous avez perdu 1 € en espérant en gagner 99 (100 – 1). Si vous en aviez l’occasion, reprendriez-vous la même « mauvaise » décision, au vu du résultat précédent qui s’avère être une perte ? Il est raisonnable de conclure que vous aviez pris une bonne décision mais obtenu un mauvais résultat.
Une décision comporte toujours un risque associé au choix parmi plusieurs solutions possibles. Il se peut qu’une bonne décision conduise à un mauvais résultat si la malchance s’acharne, ou qu’une mauvaise décision aboutisse quand même à un bon résultat si la chance est au rendez-vous !
Qualifier de « bonne décision » a posteriori celle qui a permis d’obtenir un « bon résultat », sans tenir compte de l’information disponible au moment où la décision a été prise, est trop réducteur et trop facile. Ce n’est pas correct. Une décision rationnelle est celle qui a utilisé les bonnes méthodes et pris en compte le profil du décideur au moment où il fallait la prendre.