1 L’évolution de la fonction achats
Rares sont les entreprises qui, comme Ford en 1927, appuient leur développement sur un système d’intégration verticale. À l’époque, le célèbre constructeur automobile détenait, exploitait et coordonnait toutes les ressources nécessaires à la production de son Model A, ce qui lui permettait de maîtriser toute sa chaîne de valeur et donc de maîtriser ses risques.
Aujourd’hui, les entreprises ont plutôt tendance à opter pour une approche totalement opposée : l’externalisation. En effet, ces dernières cherchent de plus en plus à se recentrer sur leur cœur de métier et à capter les innovations et savoir-faire. Cette quête continue les contraint à élargir sans cesse leur cercle de fournisseurs et sous-traitants.
Se corrèle alors un deuxième phénomène. Pour gagner en compétitivité, ces mêmes entreprises repoussent le sourcing de plus en plus loin, vers les pays dits « low-cost », les obligeant à recourir à plusieurs brokers[1] ou traders afin de faciliter la prospection, les négociations et les échanges.
Les entreprises achètent donc plus (les achats représentent souvent plus de 60 % de leur chiffre d’affaires) sur des chaînes d’approvisionnement de plus en plus complexes et, bien souvent, de moins en moins maîtrisées sur lesquelles il devient difficile d’appréhender et de prévenir les risques d’incident.
Rappelons-nous l’après Rana Plaza[2], une des catastrophes les plus meurtrières de l’histoire du travail, où de nombreuses enseignes textiles avouaient ne pas savoir que les produits vendus dans leurs magasins étaient fabriqués dans ces ateliers vétustes où la santé, la sécurité et plus largement les conditions de travail des employés étaient loin d’être prioritaires.
Citons également l’exemple de Findus[3] et de sa viande de bœuf d’« origine France » prélevée sur des carcasses de vieux chevaux roumains. Les conséquences de cette affaire sur l’image et la réputation de l’industriel agroalimentaire lui ont fait perdre une somme estimée à plus d’un million d’euros.
Ces dernières années, bien d’autres scandales aux conséquences parfois dramatiques ont fait la « une » des médias.
La fonction achats est une fonction transverse dans les organisations et a un rôle d’interface entre les partenaires externes et les services internes. Elle est impliquée de façon plus importante dans les décisions stratégiques et, parallèlement, sa responsabilité face aux risques s’est largement intensifiée. La fonction achats a un rôle majeur à jouer dans la gestion des risques, c’est ce que nous allons voir à travers cet article.