1 Le nouvel environnement des dirigeants
Le métier de manager se complique sérieusement depuis quelques années. D’abord sur le plan du vocabulaire, car on ne sait plus très bien s’il faut employer le mot « directeur » (ou « directrice »), « manager » ou « leader ». On pourrait mettre aussi sur le tapis les termes « gestionnaire » ou encore « administrateur ». Les différences sont subtiles et si l’on ne conserve que les expressions génériques « manager » et « leader », on peut trouver sur Internet une littérature abondante qui nous explique les spécificités de chacun de ces deux statuts. Pour désigner l’action de manager, on évoque depuis quelques années la notion de « gouvernance », mais on n’utilise pas (encore) le verbe « gouverner » pour définir l’action de diriger une entreprise, ni celui de « gouverneur » pour désigner celui qui est au sommet de la hiérarchie.
Au-delà des modes, il est vrai que le rôle des dirigeants (encore un autre mot) est de plus en plus difficile. Tout le monde en connaît les raisons.
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1.1 Un monde chaotique
La concurrence internationale et l’ouverture des marchés réduisent drastiquement les marges et les profits des entreprises marchandes. Cela signifie entre autres que la recherche d’une efficience toujours plus grande est de rigueur. Autrement dit, toute minute passée à travailler, donc rémunérée, doit apporter de la valeur (terme que l’on définira un peu plus bas). Le gaspillage n’est plus permis. Le combat est le même pour les entreprises publiques qui, voyant leurs marges de manœuvre diminuer au fil des difficultés vécues dans le secteur économique, limitent les dotations et les budgets.
Les progrès sociaux ne permettent plus – et c’est heureux – d’abuser d’une main-d’œuvre pas chère et de la faire travailler dans des conditions moyenâgeuses. La santé et la sécurité au travail demandent des ressources, la qualité de vie au travail (QVT) aussi.
La réglementation liée au fonctionnement des entreprises s’est également complexifiée, et il faut consacrer du temps à faire du « reporting » à l’État et à d’autres parties intéressées publiques qui réclament des statistiques sur l’emploi et des informations à caractère sociétal diverses et variées.
Les marchés et les clients, en raison de la concurrence évoquée plus haut, sont de plus en plus exigeants en termes de qualité, de coûts et de réactivité.
La technologie fait des avancées extraordinaires et, si elle permet certains progrès, apporte aussi son lot de contraintes en termes d’investissements ou d’organisation.
Notre monde est devenu VUCA (acronyme de volatility, uncertainty, complexity et ambiguity en anglais, c’est-à-dire volatil, incertain, complexe et ambigu). Cet acronyme a été créé par l’Army War College aux États-Unis dans les années 1990. C’est effectivement ce qui définit l’environnement de nos entreprises actuellement et qui donne le nouveau cadre de travail des managers.