1 Naissance et développement des zones industrielles
La période d’industrialisation dans laquelle nous nous trouvons, à l’échelle de la planète, n’a jamais été aussi forte, et continue son développement. La délocalisation d’entreprises est un sujet récurrent de l’actualité (nous avons d’ailleurs tendance à oublier que la plupart se « relocalisent » pour mieux se déployer), néanmoins nous n’avons jamais autant construit d’infrastructures comme les routes, ponts, usines. En effet, nous autres Européens, Occidentaux n’en avons pas toujours conscience, mais nous sommes dans une phase d’industrialisation mondiale et massive.
Il se trouve que ce processus d’industrialisation se réalise pour partie selon une certaine matrice qu’on pourrait nommer la « zone industrielle », outil structurant de cette dynamique d’évolution.
Ce processus commence par ce qu’on appelle la « révolution industrielle » au XIXe siècle. Le premier parc industriel, planifié, voulu, conçu comme tel, est sans doute « Trafford Park », près de Manchester en Angleterre (berceau de la révolution) et essaime tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Trafford Park n’est pas juste un assemblage hétéroclite et hasardeux d’entreprises.
Historiquement, les grandes entreprises s’installent près de leurs matières premières, et les autorités publiques, même dans les pays les plus libéraux, commencent à donner des conditions-cadres à leur implantation. Le modèle d’organisation spatiale des activités productives qu’on appelle la « zone industrielle » essaime, s’étend, s’impose tout au long du XXe siècle avec des phases d’accélération (notamment dans l’entre-deux-guerres) et plus encore après la seconde guerre mondiale. Le concept s’internationalise en Europe, aux États-Unis et progressivement en Asie.
Une nouvelle accélération se fait au lendemain de la chute de l’URSS**Abrev-1309496**, avec une nouvelle phase d’industrialisation néolibérale, la « globalisation » ou « mondialisation ». Le modèle de la zone industrielle s’étend à une échelle totalement inconnue jusqu’alors.
La Chine compte aujourd’hui environ 6 000 zones industrielles, pour ne prendre que cet exemple, qui sont sorties de terre au cours des trente dernières années. La Chine a su étendre également ses intérêts sur le continent africain. À titre d’exemple, l’Éthiopie est entrée depuis dix ans à peine dans une phase d’industrialisation massive et rapide et vise à créer 450 000 emplois en quelques années dans ses zones industrielles entièrement tenues par des investissements chinois. Ce qui vaut pour l’Éthiopie vaut aussi pour le Rwanda, le Maroc, l’Afrique du Sud, pour le continent sud-américain, le Pérou, la Colombie.