1 Bienvenue dans un monde de risques
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1.1 Quand un qualiticien rencontre un sécuriticien, qu’est-ce qu’ils se racontent ?
Il a fallu que j’assiste – pour ma culture personnelle – à une information sur le management de la SST (santé et sécurité au travail) et sur le contenu du référentiel afférent (il s’agissait de l’OHSAS 18001 et je signale au passage qu’il existe un autre texte en compétition actuellement qui est l’ILOH-OSH) pour prendre conscience d’un manque majeur – pour ne pas dire essentiel – dans un autre référentiel, celui du management de la qualité, autrement dit la norme NF EN ISO 9001:2000 1 (et NF EN ISO 9004 2 par la même occasion). Je sais, cette phrase est compliquée, mais je l’ai fait exprès. C’est pour éliminer d’emblée les lecteurs qui ne feraient pas preuve d’un minimum de pugnacité, qualité indispensable pour aborder ce sujet très technique !
Nulle part il n’est question de risques lorsqu’on parle de qualité.
Étonnant non ?
Cherchez vous-même. J’ai relu attentivement toutes les pages de ce précieux document (même si je pensais le connaître plutôt bien) afin d’être sûr de ce que j’affirme. Pour plus de sûreté, j’ai lancé une recherche avec la fonction « édition-rechercher » de mon ordinateur.
Ah non, je me suis trompé, le mot « risque » y figure une fois. Il est mentionné au chapitre 0.4 : « Compatibilité avec d’autres systèmes de management ». Voilà ce que dit ce texte :
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NF EN ISO 9001:2000
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0.4
La présente Norme internationale ne comporte pas d’exigences spécifiques à d’autres systèmes de management tels que le management environnemental, le management de l’hygiène et de la sécurité au travail, la gestion financière ou le management des risques.
D’abord, il faut reconnaître que personne ne lit jamais ces chapitres préliminaires et de plus, la seule fois où le terme est employé, c’est pour affirmer qu’il ne sera pas pris en compte dans le management de la qualité.
Étonnant non ?
N’y aurait-il pas de risque dans ce type de management ?
Dans la formation dont je vous parlais un peu plus haut, j’ai découvert que l’identification des risques arrive en bonne place.
Je sais que notre sujet n’est pas la maîtrise de la SST, mais permettez-moi de vous lire un extrait de ce référentiel OHSAS 18001.
OHSAS 18001:2007
Systèmes de management de la santé et de la sécurité au travail – Exigences
1. Domaine d’application
La présente série sur l'évaluation de la santé et la sécurité au travail (Occupational Health and Safety assessment Series, OHSAS) précise les exigences qu'un système de management de la santé et la sécurité au travail (SST) doit satisfaire pour permettre à un organisme de maîtriser les risques de SST et améliorer sa performance en la matière.
Cette phrase figure dans le premier chapitre introductif : « 1. Domaine d’application ». Dans ce même chapitre, le mot « risque » y est cité encore deux fois. Et nous n’en sommes qu’au début.
On le trouve encore dans les exigences relatives à l’expression de la politique de SST (§ 4.2), dans celles relatives à la planification (§ 4.3), dans celles concernant les structures et responsabilités (§ 4.4) et la formation, ou encore celles qui parlent de maîtrise opérationnelle.
Je continue ? Inutile, n’est-ce pas.
Que doit-on penser de ces constats ? D’abord qu’il y a une logique certaine dans l’approche SST. En effet, il est normal et de bon sens de construire une organisation à partir des risques de ne pas atteindre la finalité de ladite organisation. Dans le cas de la SST, cette finalité est de préserver la santé et la sécurité des personnels au travail et les dispositions qui doivent être mises en œuvre dépendent avant tout des dangers encourus et seront proportionnelles aux risques qui menacent les personnes. Nous savons que les ressources mises en action pour éviter accidents et problèmes de santé ne sont pas gratuites. Il faut des moyens matériels et humains. Il faut y consacrer du temps. Il est en conséquence logique de prendre des précautions lourdes lorsque les risques sont élevés et de prêter une attention plus légère lorsque les risques sont moins conséquents. Je rappelle que le principe du contrôle – qui est un des principes de l’obtention d’une conformité dans la production d’une prestation matérielle ou immatérielle – fonctionne sur cette même logique. Lorsque la non-conformité probable peut entraîner des dégâts importants lors de l’utilisation du produit vendu, le contrôle doit être sévère (vérification à 100 % par exemple ou bien encore double contrôle). En revanche, lorsque les conséquences d’une non-conformité sont minimes, le contrôle sera plus sommaire.
C’est ainsi que l’on doit pratiquer pour construire une organisation adaptée à la réalisation d’une finalité déterminée.
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