1 Manipuler ? Moi, non…
La persuasion est un art bien ambivalent. Tout le monde voudrait savoir en faire usage. Et personne ne voudrait en être la cible. La réalité est beaucoup plus nuancée : nous sommes généralement tout autant bourreau que victime.
On aurait pu nommer cet article « l’art de la manipulation au service de la transition ». En fait, c’est bien de cela qu’il s’agit : la persuasion n’est que l’une des facettes de la manipulation. Mais cette notion de manipulation véhicule des idées reçues plus négatives encore que la persuasion. Pourtant « l’art de persuader a un rapport nécessaire à la manière dont les hommes consentent à ce qu’on leur propose, et aux conditions des choses qu’on veut faire croire » nous dit Pascal[1]. Également, le succès du Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens[2], démontre bien l’intérêt de nos contemporains à la compréhension de ces phénomènes psychosociaux.
Cependant, la manipulation et la persuasion ne sont pas seulement l’apanage du politicien crapuleux ou du publicitaire perverti par une course effrénée à la vente de masse d’objets aussi inutiles que coûteux. C’est aussi le mode d’action des associations humanitaires qui cherchent à nous sensibiliser à la bonne cause de leur objet ou celui de tout manager efficace.
On se fait manipuler quotidiennement, par son entourage familial, professionnel, par le commerçant du coin ou le badaud en bas de la rue. Parfois insidieusement, pour nous convaincre de faire quelque chose contre notre volonté. Parfois de manière totalement involontaire et honnête. Votre enfant qui se démène toute la journée pour ranger sa chambre, laver la vaisselle avant de vous demander l’autorisation de sortir le soir ne fait pas autre chose que de vous manipuler par le principe de réciprocité : il a fait des efforts envers vous, difficile pour vous de ne pas en faire envers lui !