1 La langue française, un contre-feu à l’expansion de l’anglais
La version française des Normes internationales ISO retient l’attention d’un nombre croissant des organismes nationaux de normalisation (ONN) des 75 États et gouvernements francophones, présents sur tous les continents, notamment africain. Ils comptent 220 millions de locuteurs en 2012 – ce chiffre étant appelé à tripler d’ici 2050 – dont 85 % résideraient dans la partie australe du monde.
Ces documents de référence qui, après avoir été mis, en France, sur le métier d’une commission de normalisation d’AFNOR, sont estampillés « NF ISO » ou « NF EN », où « EN » est l’abréviation de Europaïsche norm (Norme européenne), semblent aujourd’hui l’ultime arme de la promotion de la langue française face à l’invasion en constante progression de l’anglais. Cet « impérialisme » s’étend dans les grandes écoles et les universités de l’Hexagone, qui recrutent un nombre croissant de professeurs anglophones, et dans maintes de ses entreprises, au nom du rendement et du profit, sans parler du monopole exclusif de cette langue « utilitaire » dans les publications et les colloques scientifiques.
La langue française est un puissant rempart contre cette offensive hégémonique linguistique, cette « allégeance à la langue unique » selon les mots de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, clé de voûte du dispositif institutionnel éponyme qui réunit les personnes de culture différente, dont la devise, créée par Léopold Sédar Senghor, est « la langue française en partage ».
Les normes offrent en effet l’occasion de produire des écrits en langue française. C’est là un gage de son rayonnement et le vecteur de sa promotion. L’obligation de décliner en français les Normes européennes et la faculté de le faire de certaines Normes internationales de l’ISO est une chance, car cet idiome est particulièrement adapté à la normalisation, discipline où la rigueur est une nécessité absolue et le caractère universel, un aspect fondamental.
La qualité de la langue française des normes traduites de l’anglais vers le français est l’enjeu abordé par le présent article, car elle garantit la crédibilité des normes et contribue à entretenir l’image de marque de la normalisation et des entreprises et administrations qui y collaborent, et cette notoriété peut être, très vite, sérieusement ternie (le lecteur pourra se référer à une étude intitulée http://www.bivi.qualite.afnor.org/livres-blancs/norme-des-normes-des-francophones http://www.bivi.qualite.afnor.org/livres-blancs/norme-des-normes-des-francophones, réalisée par madame France Lafargue avec l’appui du Réseau Normalisation et Francophonie [RNF] et qui porte, bien que n’étant pas une œuvre collective, l’appellation de « norme »).