1 La qualité de vie au travail
La complainte de la serveuse automate
J’veux pas travailler
Juste pour travailler
Pour gagner ma vie
Comme on dit
J’voudrais seul’ment faire
Quelque chose que j’aime
J’sais pas c’que j’aime
C’est mon problème
Starmania (Luc Plamondon & Michel Berger).
Pour que le germe de la passion se développe, il faut un terreau favorable et il faut ensuite le travailler et l’arroser. Ce travail de jardinier est de la responsabilité des managers. La performance résultant d’une passion des collaborateurs pour leur métier est de la responsabilité des managers. Ce terreau est celui de la qualité de vie au travail. Il permet une approche des deux options que j’ai évoquées dans « La passion au travail », à savoir la recherche du germe de la passion chez les collaborateurs et, pour la deuxième, il s’agit de faire aimer le travail. Vaste programme, me direz-vous, que d’améliorer la qualité de vie au travail. Oui, mais il est possible d’engager un projet en ce sens de manière raisonnable en commençant par éliminer les facteurs majeurs de stress. Ce projet demande que les managers y consacrent une part importante de leur temps. Le temps d’un manager est précieux, nous le savons. Dans la mesure où les collaborateurs seront à la base du succès de son entreprise ou de l’organisme dont il a la charge, il faudra leur accorder un maximum de ce temps. Tous les dirigeants qui ont engagé une démarche de libération de leur société avouent qu’ils passent environ 80 % de leur temps en face à face avec leurs collaborateurs. Bien entendu, si la taille de l’entreprise est importante, on peut envisager de la structurer en petites unités de taille humaine (quelques centaines de salariés) dans lesquelles les managers doivent mettre en œuvre les principes évoqués dans « La passion au travail » et « La passion au travail, une clé de la performance et du bonheur ». Le rôle de la direction générale étant assigné à former les managers de second niveau et à les engager à aller dans cette direction.
Je n’aborderai pas les aspects économiques d’un projet d’amélioration de la QVT concernant les infrastructures et le cadre matériel du travail. L’achat et l’amélioration des équipements de travail ou de loisirs (salle de repos, etc.), les aménagements de salaires, etc. se feront dans le cadre d’un projet durable d’amélioration de la QVT. J’évoquerai d’abord ce qui me semble essentiel de mettre en place pour que chaque individu se sente bien dans son travail.
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1.1 Le respect
Une enquête[1] effectuée par Géraldine Dauvergne et Florent Vairet, révèle qu’à la question posée « Qu’est qui permettrait d’améliorer l’ambiance à votre travail ? », 57 % des quelques 2 500 personnes interrogées répondent : « Que leurs chefs leur disent bonjour et merci ». Il est effarant de penser que nos parents nous ont appris à utiliser ces deux mots lorsque nous nous adressons aux autres et que, parvenus à l’âge adulte et à l’occasion d’une promotion, nous avons immédiatement perdu cette bonne habitude. Isaac Getz[2] explique avec beaucoup d’humour que la meilleure collection d’ouvrages à offrir aux managers qui ont des progrès à faire dans ce domaine est celle des « Tchoupi » que tous les parents connaissent bien. On y trouve « Tchoupi est en colère », « Tchoupi dit non », etc. Le premier à lire serait dans notre cas « Tchoupi est poli ». Ces injonctions à retrouver les principes de la politesse sont de la responsabilité des directions générales qui doivent non seulement faire passer le message mais donner l’exemple. André Comte-Sponville le philosophe, dans son ouvrage Petit Traité des grandes vertus publié en 1995 aux PUF, inclut la politesse dans son inventaire. Pour information, il y place aussi l’humour, l’amour, la gratitude, la tolérance, vertus que pratiquait Jacques P. dans l’exemple proposé dans « La passion au travail, une clé de la performance et du bonheur ».