1 Transversalité du concept : une approche résolument globale
Le développement durable invite, non pas à faire table rase, ni à s’affranchir de toutes nos pratiques habituelles, mais à s’acheminer « vers un capitalisme qui fasse alliance avec la vie », comme le préconise l’anthropo-sociologue Alain de Vulpian. Pour cela, une nouvelle approche s’impose, résolument globale, assise sur une vision à plus long terme dans laquelle chacun peut y trouver son compte : l’ensemble des parties prenantes.
Encore faut-il connaître la signification exacte de la notion même de « développement durable » et l’envisager en tant que telle. Le développement durable propose un retour aux sources, vers des valeurs qui ne nous sont pas étrangères. Il s’agit non pas d’un retour en arrière, mais d’une avancée sur des bases plus « naturelles », c’est-à-dire plus évidentes, moins contre-nature que celles édictées par une société individualiste et de consommation à outrance. Premiers pas vers un nouvel équilibre dans la conjonction de trois univers intimement liés : économique, social et environnemental.
La transversalité du concept repose sur une approche résolument globale qui tient compte de la complexité et de la synergie des différents aspects à considérer pour aller vers un développement durable. Ce regard à 360 degrés, ce management global de l’organisation sera alors à intégrer dans l’ensemble des processus.
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1.1 Trois aspects à considérer : économie, social-sociétal environnement
Chaque démarche de développement durable pourra ainsi puiser dans chacun de ces trois aspects pour trouver son propre équilibre, sa propre harmonie, la faire évoluer et s’épanouir sur le long terme. Un équilibre parfois très subtil, en tout cas très « personnel » selon son secteur d’activité, ses objectifs, ses valeurs, son environnement au sens large… comme le montre la diversité des approches rencontrées dans les différentes organisations.
Même si l’exercice relève parfois d’un dilemme infernal, s’efforcer de prendre en considération chacun de ces différents aspects (économique, social, environnemental), sans exception, sur chaque problématique ou analyse envisagée, est un impératif. Comme le préconise la norme ISO 26000, contribuer à un développement durable, assumer sa responsabilité sociétale signifie rechercher un équilibre entre les aspects économiques, sociaux-sociétaux et environnementaux dans toute décision et action. Autrement dit, pour réussir sur cette voie et s’acheminer vers la pérennité, la solution n’est pas de se pencher plus particulièrement sur l’un d’entre eux, histoire de se donner bonne conscience, pour une simple question d’image ou pour compenser le fait de négliger un aspect.
Si l’on peut démarrer par la prise en compte de l’un des trois aspects et avancer progressivement en intégrant les autres petit à petit, l’objectif final est bien d’aboutir à un équilibre « acceptable » entre les trois. La finalité de la démarche est de trouver un compromis capable de répondre aux attentes, parfois contradictoires, formulées par les différentes parties prenantes. Il s’agit, ni plus ni moins, de faire en sorte que la satisfaction de l’un ne compromette pas celle de l’autre, mais aussi que la prise en considération de l’un n’autorise pas de faire le sacrifice de l’autre. Tel est l’enjeu d’un développement durable : la prise en compte des attentes de l’ensemble des parties prenantes en tenant compte des trois aspects de la notion de développement durable.
Avis d’expert
Pourquoi est-ce si difficile d’entrer dans une approche transverse, globale ?
Christian Brodhag a participé activement à l’élaboration de la future norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale des organisations et a conduit la réflexion française : « Nous sommes dans un processus de compétition à tous les niveaux qui rend difficile la mise en place d’une approche coopérative, gagnante-gagnante ! Aussi, d’un côté, de grandes entreprises se mobilisent, à l’échelle internationale, de l’autre, des acteurs agissent localement, sur le terrain. Un décloisonnement des actions est pourtant nécessaire ! Avec le développement durable, nous sommes nécessairement dans une approche intégrée, systémique, qui requiert un renforcement mutuel des trois piliers (économique, social, environnemental). Il faut non seulement les regarder ensemble, mais observer leur synergie ! Nos mentalités et nos organisations sont plutôt cartésiennes, alors que le développement durable est tout en complexité. Il rassemble différentes problématiques actuelles…"