1 Comprendre le concept d’économie circulaire pour passer à la pratique
Notion apparue dans les années 1970, l’économie circulaire dispose maintenant d’une définition partagée dans une norme (norme française XP X30-901 d’octobre 2018) et dans une loi (loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à l’économie circulaire du 10 févier 2020, dite loi Agec). Dans les deux textes, l’économie circulaire est définie comme :
XP X30-901:2018§ 3.2 - Termes spécifiques au développement durable et à l’économie circulaire
Système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources, à diminuer l’impact sur l’environnement tout en permettant le bien-être des individus, dans lequel la valeur des produits, des matières et des ressources est maintenue dans l’économie aussi longtemps que possible et la production de déchets est réduite au minimum.
Trop longtemps cantonnée à la gestion des déchets, l’économie circulaire est maintenant appréhendée de manière plus holistique, comme le précise la loi Agec : « la transition vers une économie circulaire vise à atteindre une empreinte écologique neutre dans le cadre du respect des limites planétaires et à dépasser le modèle économique linéaire consistant à extraire, fabriquer, consommer et jeter (..). »[1]
Pour cela, il est nécessaire d’encourager une consommation plus responsable et économe en ressources et d’adopter une priorisation des modes de production et de gestion des déchets :
- prévention (par le réemploi notamment) ;
- réutilisation ;
- recyclable ;
- valorisation.
À l’échelle française, l’ADEME a, la première, théorisé le concept de l’économie circulaire comme un modèle économique alternatif de prévention et de gestion efficace des ressources basé sur trois domaines et sept piliers (voir la représentation de l’économie circulaire selon l’ADEME, à la figure 1.1).
Figure 1.1 Représentation schématique de l’économie circulaire
Pour inverser la tendance des modèles économiques linéaires traditionnels sur lesquels reposent nos sociétés occidentales, l’ADEME appréhende l’économie circulaire comme un modèle « axé sur une absence de gaspillage et une augmentation de l’intensité de l’utilisation des ressources tout en diminuant les impacts environnementaux ». Pour ce faire, trois « domaines » sont concernés par l’économie circulaire :
- la production et l’offre de biens et de services (comprenant l’ensemble des fabricants, producteurs, fournisseurs, distributeurs, tous produits et services confondus) ;
- la consommation au travers de la demande et du comportement du consommateur (impliquant le consommateur, qu’il soit public, privé, professionnel ou particulier) ;
- la gestion des déchets avec le recours prioritaire au recyclage (impliquant le consommateur via ses actions de tri et de recyclage, mais également toutes les filières de valorisation relevant de l’économie sociale et solidaire, sans oublier les acteurs professionnels de la collecte et du recyclage).
Au cœur de chacun de ces domaines, sept composantes/domaines d’action doivent être activés pour déployer concrètement le concept d’économie circulaire (voir « Découvrir la norme XP X30-901 Système de management de projet d’économie circulaire » :
- sur la chaîne de valeur en amont de la production du produit (approvisionnement durable) ;
- au sein des process de production, fabrication, R&D et fonctions supports (écoconception, allongement de la durée de vie d’usage, consommation responsable) ;
- au niveau de l’offre (économie de la fonctionnalité) ;
- au niveau du territoire et des échanges avec les acteurs économiques et non économiques locaux (écologie industrielle et territoriale) ;
- lors de la fin de vie du produit mis sur le marché, afin d’assurer la santé et la sécurité de tous les consommateurs (gestion efficace des matières ou produits en fin de vie).
Pour accompagner les organisations dans leur transition énergétique et écologique, l’économie circulaire constitue un outil efficace d’évolution des modes de production et de consommation. En remettant en perspective les modèles économiques traditionnels des entreprises, l’économie circulaire impacte les emplois, les métiers et les besoins en compétences, recompose l’organisation de la production et appelle à de nouvelles formes d’innovation, le tout à plusieurs niveaux, comme l’illustre la transversalité des domaines d’action à activer : autant d’opportunités de bénéfices pour les acteurs souhaitant transiter vers une économie plus circulaire !