1 Économie circulaire : de quoi parle-t-on ?
La progression constante des consommations d’eau, d’énergie et de matières ces quarante dernières années et, plus récemment la situation sanitaire mondiale du printemps 2020, sonnent comme un appel urgent à transformer nos modèles d’organisation, en révélant toujours plus l’interdépendance des marchés et la fragilité des chaînes d’approvisionnements. Le concept d’économie circulaire s’est précisé ces dernières années, dans un contexte de prise de conscience collective quant à la nécessité d’une transition d’un modèle de production et de consommation linéaire à un nouveau modèle circulaire, adapté aux défis d’aujourd’hui.
Le schéma linéaire « produire, consommer, jeter » du système économique traditionnel atteint ses limites : d’ici une trentaine d’années, la population mondiale aura augmenté de deux milliards d’individus, et d’ici une quinzaine d’années, les classes moyennes compteront trois milliards de personnes en plus. Si nous continuons d’utiliser les ressources au rythme actuel, il faudra plus de deux planètes pour satisfaire nos besoins. Il est temps de changer de paradigme et de réduire notre empreinte écologique en accélérant la transition vers un système économique plus circulaire et, plus généralement, vers une économie plus efficace dans l’utilisation des ressources et sobre en carbone.
Dans ce contexte, les démarches d’économie circulaire font, depuis ces dernières années, l’objet d’une attention grandissante des pouvoirs publics et des acteurs économiques, car elles répondent à une nécessité tant économique qu’environnementale, de faire face à la raréfaction des ressources et à l’envolée du prix des matières premières, mais aussi aux incidences négatives, notamment climatiques, de nos modes de production et de consommation.
Les organisations, et notamment les entreprises, jouent un rôle majeur dans cette évolution de modèle.
Pour accompagner les organisations dans leur essentielle transition énergétique et écologique, l’économie circulaire constitue un outil efficace d’évolution des modes de production et de consommation : elle permet aux organisations, quels que soient leur taille, leur secteur d’activité ou leur structure juridique, de (re)questionner leurs actions et leurs responsabilités sur les 7 domaines d’actions suivants :
- leur chaîne de valeur en amont de la production du produit/service (en déployant des démarches d’approvisionnement durable ou des politiques d’achats responsables) ;
- au sein de leur process de production, fabrication, R&D et fonctions supports (en appliquant les principes de l’écoconception au développement de leurs produits et services, ou encore ceux de l’allongement de la durée de vie d’usage et de la consommation responsable) ;
- au niveau de l’offre (en passant d’une logique de vente d’un produit à celle d’un usage en faisant évoluer son modèle économique vers une économie de la fonctionnalité) ;
- au niveau du territoire et des échanges avec les acteurs locaux (pour optimiser les flux d’eau, d’énergie et de matière en développant des boucles d’écologie industrielle et territoriale) ;
- lors de la fin de vie du produit mis sur le marché, afin d’assurer la santé et la sécurité de tous les consommateurs (via une gestion efficace des matières ou produits en fin de vie).
Plus globalement, ce modèle s’inspire du fonctionnement en boucle des écosystèmes naturels, contrairement aux modèles économiques standards linéaires qui reposent sur une utilisation sans limite des ressources, et générateurs de déchets.
À travers une gestion optimisée des ressources, l’économie circulaire vise à découpler la création de valeur sociétale de son impact sur l’environnement. Pour cela, elle implique la mise en place de nouveaux modes d’approvisionnement et de conception (approvisionnement durable, écoconception), de production et de consommation (écologie industrielle et territoriale, économie de fonctionnalité, consommation responsable), et d’usage des produits et de gestion des déchets plus sobres et efficients (allongement de la durée d’usage, gestion des matières en fin de vie).