1 Des normes et référentiels systémiques pour maîtriser les problèmes environnementaux
Pour permettre aux entreprises (et aux services publics) de prendre en compte la dimension environnementale dans leurs pratiques, différents organismes internationaux ont élaboré des guides de bonnes pratiques managériales. Il s’agit des référentiels d’excellence et des normes de management de la qualité NF EN ISO 9001:2015[1] et de management de l’environnement NF EN ISO 14001:2015[2] fondés sur une vision systémique des organismes et sur l’analyse de leur contexte externe. Les obligations légales qui imposent aux entreprises de mesurer et de rendre compte des effets de leurs actions sur l’environnement vont dans le même sens.
Les normes de management des systèmes se sont imposées au fil du temps pour résoudre les problèmes complexes, qu’ils concernent la qualité des produits, la santé et la sécurité au travail ou l’environnement.
Comme nous le voyons dans l’article « L’environnement, une préoccupation croissante », la crise environnementale a une dimension cognitive. La révolution industrielle en Occident s’est développée sur la base des découvertes de Newton et de l’invention des machines, ce qui a conduit à généraliser les méthodes mécanistes au domaine social ou environnemental. Or ces domaines ont des fonctionnements systémiques complexes qui ne peuvent être réduits aux lois de la mécanique.
Les normes précitées rompent clairement avec les approches managériales d’inspiration mécaniste qui prévalaient avant elles (le taylorisme ou la bureaucratie) et dont les résultats insuffisants dans le domaine de la gestion de l’environnement sont évoqués dans l’article « L’environnement, une préoccupation croissante ». En effet, ces normes s’inspirent de la vision systémique du management d’Edwards Deming. Pour ce dernier, la grande majorité des causes des dysfonctionnements proviennent du système et non d’individus ou d’éléments isolés[3]. En conséquence, c’est le système d’organisation qu’il faut revoir pour améliorer la qualité des produits ou de l’environnement.
Le management des systèmes, selon Deming, repose en particulier sur la maîtrise et le management des processus transverses. Or nous y voyons qu’une des difficultés à gérer efficacement l’environnement provient du fait qu’il s’agit d’un bien commun transverse aux appropriations publiques et privées qui requiert, pour être amélioré, une coopération entre les parties intéressées.
Pour toutes ces raisons, les normes et référentiels de management de la qualité ou environnemental, construits en prenant en compte l’origine systémique et transverse des dysfonctionnements, sont mieux à même de répondre aux préoccupations environnementales.
-
1.1 Normes et référentiels de management de systèmes qualité
La vision holistique du management de la qualité a conduit à s’intéresser très tôt aux effets de l’activité, non seulement sur les clients mais aussi sur les autres parties intéressées.
Dès 1989, le premier référentiel d’excellence européen de l’European Foundation for Quality Management (EFQM**efqm-00148**) évaluait les résultats d’un organisme selon quatre axes représentant ses principales parties intéressées qu’il convient de satisfaire : les clients, les personnels, les performances clés (la direction) et la société. Il anticipait ainsi ce que l’on allait dénommer plus tard la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE**rse-00213**), laquelle inclut le respect de l’environnement et de l’équité sociale.
Dans la version 2019 du modèle EFQM**efqm-00148**[4], il est demandé de mesurer, au titre de l’environnement, les résultats environnementaux obtenus et la perception des parties prenantes sur ces résultats.
Les normes de management de la qualité NF EN ISO 9000:2015[5], NF EN ISO 9001:2015 et NF EN ISO 9004:2018[6] s’inscrivent dans cette perspective de qualité globale. La NF EN ISO 9000:2015 affirme :
NF EN ISO 9000:2015§ 2.3.1.2 Fondement
Des performances durables sont obtenues lorsqu’un organisme obtient et conserve la confiance des clients et des autres parties intéressées pertinentes.
En particulier, il s’agit de :
NF EN ISO 9000:2015§ 2.3.1.4 Actions possibles
[…] déterminer les besoins et attentes [de ces] parties intéressées susceptibles d’avoir une incidence sur la satisfaction du client et [de] prendre les mesures appropriées […].
Au titre de ces parties intéressées peuvent figurer, par exemple, les associations d’environnement qui ont une influence sur les comportements des consommateurs, via les médias et les réseaux sociaux notamment. La mise en œuvre de la norme de certification NF EN ISO 9001:2015 conduit ainsi à la prise en compte et au respect de l’environnement dès lors que les parties intéressées pertinentes sont concernées par ce sujet.