1 Le risque, un mal pour un bien
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1.1 Une introduction sur le risque
Il ne manquait plus que ça ! L’ISO 9001 (et sa version française NF EN ISO 9001 1 ) avait jusque-là échappé formellement au risque. Et il fallait que la version 2015 change les habitudes ! La parution du FDIS ISO 9001 2 (et sa version française FDIS ISO 9001:2015 http://groupe.afnor.org/produits-editions/bivi/FDIS%20ISO%209001F.pdf) suscite déjà de vives réactions :
- « encore du travail en plus », diront certains experts qualité/sécurité/environnement/… ;
- « une approche par les risques est pessimiste et de mauvais augure », diront certains dirigeants ;
- « une approche par les FCS 3 aurait été bien plus pertinente », pensent d’autres dirigeants ;
- « le risque est un processus à prendre en compte comme un sujet à part entière », argumentent certains risk managers.
Et si, comme à L’École des fans, ils avaient tous raison ?
Avant donc de voir à quelle sauce « risque » la nouvelle mouture de l’ISO 9001 va nous manger, revenons déjà sur la notion de risque, pour bien en percevoir les contours.
Oublions les dictionnaires, les normes et autres guides. Posons-nous juste quelques questions :
- qu’est-ce qui fait la différence entre le courage et la peur ?
- quels sont les forces et leviers qui vont permettre d’atteindre les objectifs cibles ?
- quels sont les freins qui vont au contraire empêcher l’atteinte des objectifs cibles ?
- qu’est-ce qui justifie l’existence de telle ou telle disposition de maîtrise (procédure, équipement de protection, formation, qualification…) ?
- qu’est-ce qui justifie la nécessité de mettre en place tel ou tel dispositif de mesure (contrôle manuel ou automatique, évaluation, audit…) ?
- qu’est-ce qui permet de décider s’il faut lancer tel ou tel projet, nouveau produit… ?
Qui ne s’est pas déjà posé de telles questions ? Qui n’a pas tergiversé des heures en réunion pour savoir ce qu’il fallait faire ? Qui n’a pas hésité pendant des jours avant de décider s’il fallait y aller ou pas… pour finalement ne rien décider du tout ?
Ceux qui auraient le culot de répondre « moi » à ces questions ne seraient-ils pas « inconsciemment incompétents » sur la thématique du risque ?
Alors pour eux, rien que pour eux, encore une petite série :
- qu’est-ce qu’un S_O_ pour un dirigeant trop optimiste 4 ?
- fallait-il organiser la manifestation du 11 janvier 2015 suite à l’attaque terroriste du 7 janvier ? Fallait-il y aller, que l’on soit simple badaud ou grand leader politique ?
- que fallait-il mettre à la une du no 1178 de Charlie Hebdo dit « des survivants » ?
- fallait-il envoyer le robot Philae dévoiler les secrets surprenants de la comète Tchouri ?
- faut-il s’inquiéter des drones non identifiés qui survolent des sites sensibles français ?
- fallait-il maintenir l’organisation de la CAN 2015 (Coupe d’Afrique des Nations) malgré le développement de l’épidémie Ebola ? Le Maroc a-t-il eu raison de faire jouer le principe de précaution ?
Que répondriez-vous à ces questions ? « Oui », sans hésiter ? « Non », en vertu du principe de précaution ? « Ça dépend », réponse de Normand ? Oui, mais ça dépend de quoi ?
Allez, quelques petites dernières, plus proches de nous et de notre quotidien, pour achever de vous convaincre :
- faut-il prendre le volant pour quelques heures de route sur une nationale après avoir bu 2,5 verres d’alcool ?
- faut-il punir un enfant qui fait des efforts mais qui n’obtient pas de résultats ?
- faut-il suivre les copains qui décident de faire du hors-piste ou une randonnée à ski sur un manteau neigeux instable ?
Force est de constater que :
- les conséquences de nos actes et décisions dépassent notre simple sphère de responsabilité ;
- ceux qui décident ne sont pas forcément ceux qui assument seuls les conséquences de leur décision ;
- tout objectif, finalité, but, etc. doit, pour être tenu, maximiser les forces et limiter les freins ;
- le contexte économique, social, sociétal, mondial, etc. influe sur la prise de décision d’un sujet quel qu’il soit.
Et le seul mot, le seul, qui permette de se sortir de toute situation, de décider en connaissance de cause, de faire les bons choix sans regretter ni se poser de question, c’est le mot « risque ».
L’ISO/FDIS 9001:2015 (Final Draft International Standard) sera suivi de l’IS (International Standard) en octobre 2015.
Un S_O_ est un SWOT, outil d’analyse stratégique (strengths, weaknesses, opportunities, threats – en français forces, faiblesses, opportunités, menaces), auquel les plus optimistes ou les « inconsciemment incompétents » ont enlevé le W et le T !
Voir l’ouvrage de V. Iacolare et C. Burin, Solution pour… optimiser les risques de l’entreprise, AFNOR, 2010.